En effet, les médecins ont la liberté de s’installer où ils le désirent. Or, dans les années 90, les conseils de l’ordre régionaux déconseillaient aux jeunes médecins de s’installer en zone rurale. Certaines régions plus agréables à vivre et déjà bien dotées de professionnels de santé garantissent des horaires plus souples et des conditions de vie telles qu’elles sont privilégiées par les jeunes docteurs.
En outre, à proximité des déserts médicaux, certains médecins sont réquisitionnés pour assurer des permanences de soin. Bien que dénoncées par les syndicats, ces pratiques ont rendu le salariat plus enviable que l’activité libérale aux yeux de nombreux professionnels de la santé. Ils préfèrent donc travailler pour des grands groupes médicaux, principalement en centres urbains, plutôt qu’à la campagne ou dans des zones jugées peu attractives.
Conséquences des déserts médicaux
Les déserts médicaux conduisent à de nombreux problèmes :
- les délais d’attente pour obtenir une consultation médicale engendrent un risque d'aggravation des problèmes de santé des patients
- les services d’urgence des départements et régions concernées sont engorgés et sont moins efficaces
- les parcours de soins sont parfois interrompus, les prises en charge médicales incomplètes
- les remboursements médicaux sont bloqués par l’absence de médecin traitant
Pour les patients, cela se traduit également par l’impossibilité de trouver un médecin généraliste, d’obtenir une consultation sans rendez-vous, d’être suivi régulièrement par un spécialiste. Les ophtalmologues, les pédiatres et les gynécologues sont les principaux médecins manquants.
Déserts médicaux et ophtalmologie
Trouver un médecin dans un désert médical
Depuis 2012, le Pacte « territoire-santé » est mis en place pour assurer l’accès aux soins dans les déserts médicaux. Il offre des aides financières et matérielles aux étudiants en médecine et aux médecins acceptant de s’installer en désert médical.
Définir les besoins territoriaux
Les pouvoirs publics et les agences régionales de santé (ARS) ont réalisé des zonages, prenant en compte :
- d’une part les professionnels de santé, leur âge (afin de prévenir les départs en retraite), et leur spécialité
- d’autre part, le nombre de patients par médecin ainsi que leurs caractéristiques (l’âge, le taux de malades chroniques, de bénéficiaires de la CMU…)
Grâce à ces prospections, les ARS peuvent établir une APL (Accessibilité Potentielle Localisée) pour chaque praticien. Cela revient à chiffrer le nombre de consultations possibles par an et par habitant de la zone étudiée.
Ces méthodes permettent d’identifier les déserts médicaux et leurs spécificités propres. Elles révèlent que certains territoires peuvent avoir davantage besoin de gériatres ou de gynécologues, par exemple, en fonction de la nature de la patientèle qui y vit.
Des réformes des soins de proximité de 2019 et de 2023 se basent sur ces chiffres. Elles veulent autoriser les médecins retraités à continuer leur exercice et créer le métier d’assistant médical pour assurer le suivi de certains patients. Elles proposent aussi d’améliorer l’accès aux soins en modifiant les études : augmenter le nombre d’étudiants en médecine, offrir plus de stages dans les déserts médicaux, instaurer une année d’étude supplémentaire, encourager les jeunes issus des déserts médicaux à se former aux métiers de la santé…
Repenser le quotidien des médecins
Libérer du temps pour que les médecins puissent recevoir plus et mieux leurs patients fait partie des axes de lutte contre les déserts médicaux. Une revalorisation des salaires, une redistribution des actes de soins bénins ou pouvant être réalisés par d’autres professionnels de santé et la délégation des tâches administratives sont actuellement à l’étude pour soulager les médecins et rendre leurs missions plus réalisables et attractives. Le développement de la télémédecine et l’instauration du remboursement des téléconsultations est également un levier favorisant l’accès aux soins.