Les lunettes éco-responsables, une tendance qui dure
De plus en plus recherchées, les lunettes éco-responsables sont bien plus qu’une tendance. L’intérêt croissant des consommateurs pour les matériaux durables laisse à penser qu’elles pourront, d’ici quelques années, devenir la norme.
Un marché en pleine croissance
D’après le Baromètre Greenflex 2024 de l’ADEME, 77 % des Français agissent pour réduire l’impact de leur consommation sur l’environnement. Des actions qui se répercutent sur l’ensemble de leurs achats, y compris les lunettes, qu’elles soient correctrices ou non.
Ce changement qui s’opère est tel qu’il ne peut être ignoré par les professionnels de l’optique qui, peu à peu, s'adaptent aux nouveaux modes de consommation.
Sélection plus fine des matières utilisées, recyclage ou offre de seconde main, les opticiens et fabricants innovent pour répondre aux besoins de leur clientèle.
Un engagement que l’on retrouve dans les événements professionnels puisque le MIDO, le salon international de la lunetterie à Milan, a mis cette année à l’honneur l’artisanat et le savoir-faire des créateurs de lunettes.
En France, l’association RecycOptics a organisé le premier congrès consacré à l’écologie et a conçu un outil d’analyse du cycle de vie des montures de lunettes.
Des matériaux plus respectueux de l’environnement
Les matériaux de fabrication font partie des principaux axes de développement des spécialistes de l’optique. D’abord encensé pour sa polyvalence et son faible coût, le plastique est aujourd’hui boudé par les consommateurs. Ce sont maintenant les matières naturelles et bio-sourcées, comme le bois ou le bio-acétate qui sont privilégiées par les fabricants et les porteurs de lunettes.
Le sujet des déchets est également au cœur des préoccupations. Pour les réduire et les valoriser, l’offre de lunettes de seconde main se démocratise et les montures incluent désormais des matières recyclées provenant d’anciens modèles, mais aussi d’autres objets comme des filets de pêche, des planches de skateboard ou des coquillages.
Un savoir-faire artisanal mis en avant
Afin de s’assurer que la fabrication de leurs lunettes ne contribue pas à la destruction de la planète et à l’exploitation des travailleurs, les consommateurs sont à la recherche de plus de transparence. Au-delà des matières utilisées, ils veulent savoir comment sont fabriquées leurs montures.
Pour cela, ils privilégient la fabrication française et prêtent attention aux certifications. En France, la plus connue est le label Optic for Good (qui fait maintenant partie de RecyclOptics). Ce dernier certifie aussi bien l’aspect écologique que social de la production.
Au niveau mondial, il existe le label OSI (Optical Sustainable Industry) qui dispose de critères similaires à Optic for Good.
Comment concilier luxe et développement durable ?
Synonyme de qualité, le luxe se doit de proposer des montures de lunettes qui respectent l’humain et la planète. Cependant, le sentiment d’inaccessibilité propre au secteur le rend très opaque. Dans ce contexte, comment les marques peuvent-elles s’adapter ?
Les défis de l'éco-responsabilité dans le luxe
Les marques de luxe possèdent des avantages par rapport aux marques d’entrée et de milieu de gamme. Proposant depuis toujours des produits de qualité, fabriqués avec des matériaux nobles, elles disposent d’un savoir-faire que d’autres fabricants n’ont pas. De plus, elles sont moins contraintes financièrement.
Toutefois, elles devront rogner sur leurs marges puisque les matières premières et une fabrication éthique coûtent nécessairement plus cher que les matériaux et méthodes conventionnelles.
Mais le défi majeur touche à l’image de ces marques. Misant avant tout sur l’esthétisme, les sujets techniques comme les procédés de fabrication ou le transport des produits sont souvent mis de côté. Ainsi, l’enjeu est de trouver la bonne communication qui allie élégance et savoir-faire.
Les leviers d’action des marques de luxe
Il existe plusieurs possibilités pour les marques de lunettes de luxe qui souhaitent intégrer plus d'éco-responsabilité dans leur offre produit :
- L’innovation : elles peuvent investir dans la recherche et le développement afin d’améliorer leurs matériaux de fabrication.
- La transparence concernant la chaîne d’approvisionnement : elles peuvent partager plus d’informations sur leurs usines et leurs procédés de fabrication.
- La traçabilité : les certificats d’authenticité, déjà bien connus du secteur du luxe, peuvent être complétés et enrichis.
- La communication : en trouvant le bon équilibre entre fidéliser la clientèle qui ne souhaite pas que ses produits préférés changent et attirer de nouveaux clients soucieux de l’environnement.
3 marques de luxe qui changent la donne
Ces changements, certaines marques n’ont pas attendu pour les mettre en place. D’autres innovent et améliorent peu à peu leur façon de faire. Des actions qui ont par ailleurs été mises en lumière lors de la dernière édition du MIDO.
Stella McCartney, la pionnière
La protection de l’environnement et le bien-être animal font partie de l’ADN de la marque Stella McCartney. Lancée en 2001, elle s’impose comme pionnière de la mode éco-responsable, une thématique qui, à l’époque, était encore loin d’être centrale.
Côté lunettes, ses collections sont principalement réalisées en bio-acétate, une alternative au plastique issu de la pulpe de bois et moins polluante que l’acétate classique.
Boss et l’utilisation de matières recyclées
Récompensé au MIDO 2025, la marque de luxe Boss se démarque par ses activités RSE et notamment par la création de la fondation Hugo Boss qui s'investit dans la protection de l’environnement et l’aide humanitaire.
Pour ce qui est du développement de ses produits de lunetterie, la marque a pris le parti d’utiliser des matériaux recyclés dans l’ensemble des composants de ses montures de lunettes de soleil.
Karl Lagerfeld et les matériaux durables
Également mis en avant lors de la distribution des MIDO Awards, la marque Karl Lagerfeld a été félicitée pour son utilisation des matériaux durables dans ses modèles de lunettes de soleil.
Un accent mis principalement sur le choix des matières, mais qui laisse présager une évolution et des changements importants dans les prochaines années.