Les yeux, responsables de la dyslexie ?

La dyslexie est un trouble de la lecture touchant près de 700 millions d’individus dans le monde. Si elle concerne autant d’enfants que d’adultes, ce sont majoritairement les hommes qui en sont porteurs.
L’OMS reconnaît la dyslexie comme un handicap depuis 1993. Pourtant, aujourd’hui encore, elle est mal prise en charge, mal comprise et ses origines sont toujours au cœur de nombreuses recherches scientifiques. Trouver les causes de la dyslexie permettrait de trouver des solutions pouvant améliorer les conditions de vie des dyslexiques. Que sait-on aujourd’hui sur la dyslexie ? La vue est-elle responsable de ce trouble de l’apprentissage ?

1. Quels sont les symptômes de la dyslexie ?
2. Quelles sont les causes de la dyslexie ? 

Les causes de la dyslexie sont-elles visuelles ?

Le mot dyslexie vient d’Allemagne et a été établi par des experts en santé visuelle. C’est l’ophtalmologue Oswald Berkhan qui a découvert la dyslexie, et qui est le premier à la décrire en 1881. Son compatriote et collègue Rudolf Berlin lui donne son nom en 1887. Le terme dyslexie est issu des mots grecs « dys » (difficulté) et « lexie » (élocution, mot). Plus de 6 types de dyslexie sont aujourd’hui identifiés (profonde, de surface, mixte, par négligence, phonologique et visuelle), sans pour autant que cette catégorisation ne convainque l’ensemble de la communauté scientifique. Seuls les symptômes sont unanimement reconnus.

Quels sont les symptômes de la dyslexie ?

Les symptômes de la dyslexie, ou plutôt les manifestions de ce handicap, concernent principalement la lecture. Les dyslexiques lisent très lentement, parfois sans comprendre le sens des mots ni des phrases. Parfois une dysorthographie est associée à la dyslexie.  Une combinaison qui entraine une difficulté à mémoriser la forme des mots et leur orthographe. Les lire et les écrire correctement est donc très difficile. Une personne atteinte de dyslexie confond fréquemment les lettres « miroir ». L’exemple d’erreur le plus fréquent en dyslexie est de confondre les « b » et les « d ».
Il est difficile de définir comment voit une personne dyslexique quand elle lit. En effet, c’est aussi un handicap qui prend de multiples formes et qui dépend de la personne qui le porte. C’est pourquoi poser le diagnostic d’une dyslexie réclame un regroupement de plusieurs spécialistes et de nombreux tests. Les raisons contextuelles telles que l’éducation, l’origine sociale, la langue maternelle, des troubles physiologiques ou cérébraux doivent être écartées de ce diagnostic,
Le comportement d’un dyslexique est impacté par ses difficultés à lire et à écrire. Il en résulte une diminution des capacités de concentration, un champ lexical limité, des troubles de compréhension…

Quelles sont les causes de la dyslexie ?

Bien que deux ophtalmologues soient à l’origine de la découverte de ce trouble, très vite les recherches se sont axées sur la neurologie. Pourtant, aujourd’hui encore, rien ne prouve l’origine neurologique de la dyslexie. De nombreuses études sont toujours en cours pour en définir les causes.

La dyslexie des yeux

En 2017, deux chercheurs de Rennes auraient trouvé le siège de la dyslexie. En observant 60 étudiants, dont 30 dyslexiques, Guy Ropars et Albert Le Floch ont découvert qu’une anomalie anatomique distinguait les yeux des dyslexiques. En effet, les yeux ne sont pas complètement symétriques, ce qui permet au cerveau de privilégier les signaux perçus par « l’œil fort » et de traduire la vision binoculaire en une seule image. L’œil dominant se remarque grâce à une partie de la fovéa (cœur de la macula, centre de la rétine), appelée tache de Maxwell, complètement circulaire. L’œil faible, quant à lui, présente une tache de Maxwell irrégulière. Or, chez les personnes atteintes de dyslexie, les deux taches de Maxwell sont identiques. Sans œil directeur, le cerveau n’est pas en mesure de définir quelle image est dominante, et l’effet miroir de certaines lettres, par exemple, n’est plus compensé par ce mécanisme de la vision.
John Stein de l’Université d’Oxford avait déjà démontré un lien entre les yeux et la dyslexie. En 1987, il présentait une étude prouvant que 75 % des enfants dyslexiques de son étude avaient des troubles de fixation et de convergence. Ces résultats ont été repris et confirmés par Maria Pia Bucci et Zoï Kapoula, qui ont aussi rapporté des troubles de la divergence, et mis en évidence que les problèmes de fixation était une incoordination des saccades nécessaires à la lecture.

Est-ce que la dyslexie se soigne ?

La dyslexie n’est pas une maladie, mais un handicap. Si des prises en charge sont possibles, aucun traitement ou guérison n’existe malheureusement. La majorité des prises en charge de dyslexie reposent sur de l’orthophonie. Parfois l’orthoptiste peut être une aide précieuse. Certaines lunettes pour dyslexiques voient également le jour, petit à petit.
Suite à leurs recherches, Guy Ropars et Albert Le Floch ont mis au point une lampe permettant d’améliorer les conditions de lecture des dyslexiques. Cette lampe stroboscopique, en envoyant une lumière séquencée, brouille la perception des deux images par le cerveau. Ce dernier n’en retient qu’une, et l’effet des lettres miroir est alors effacé.