Les différentes classifications
La kératite est une pathologie oculaire fréquente, bien connue des ophtalmologistes. La seule liste des symptômes permet aux professionnels de poser un premier diagnostic. Toutefois, un examen clinique reste nécessaire pour prescrire un traitement efficace. Avec une multiplicité de formes et de désignations, la kératite se classifie de différentes manières, selon sa gravité, sa durée, mais aussi sa cause.
Selon la gravité de la kératite
La kératite est une maladie inflammatoire qui affecte la cornée, cette membrane protectrice située sur l’iris et la pupille. Au regard de la sévérité de l’inflammation, elle est désignée comme étant :
- Une kératite superficielle, dont l’inflammation n’affecte que la couche externe de la cornée, aussi appelée épithélium cornéen ;
- Une kératite profonde qui implique les couches internes de la cornée et dont les conséquences peuvent être plus graves.
Parmi les kératites superficielles, on trouve la kératite de Thygeson, qui correspond à une variété de kératite récidivante. Il y a également la kératite ponctuée superficielle qui se caractérise par des micro-lésions sur l’épithélium cornéen.
La kératite interstitielle, quant à elle, se classe parmi les kératites profondes puisqu’elle provoque l’inflammation de la couche intermédiaire de la cornée.
Selon la durée de la kératite
Une seconde façon de classifier les kératites est de se baser sur la temporalité. Ainsi :
- Une kératite aiguë apparaît soudainement et disparaît après traitement ;
- Une kératite chronique, ou récidivante, persiste pendant plusieurs semaines, voire mois, ou réapparaît après avoir été soignée.
Selon la cause de la kératite
Dernière typologie de classification, celle qui s’intéresse à l’étiologie, c’est-à-dire à la cause de la kératite. Elle se compose de deux grandes familles :
- Les kératites infectieuses causées par des micro-organismes telles que des bactéries, des champignons, des virus ou des parasites ;
- Les kératites non-infectieuses qui se développent après un traumatisme, une maladie sous-jacente, etc.
Pour mieux comprendre les causes de la kératite, c’est cette classification étiologique qui sera développée dans les prochaines parties de cet article.
Les kératites infectieuses
Les kératites infectieuses, qui sont aussi appelées abcès de cornée, proviennent d’une mise en contact avec une bactérie, un virus, un parasite ou un champignon. On parle alors de kératite bactérienne, virale, herpétique, amibienne ou fongique.
La kératite bactérienne
La kératite bactérienne est la forme de kératite la plus répandue. Comme son nom l’indique, elle désigne une contamination par bactérie.
Elle est souvent observée chez les porteurs de lentilles car des lentilles mal nettoyées apportent les bactéries directement dans les yeux.
La kératite bactérienne occasionne des douleurs oculaires, une baisse de l’acuité visuelle, un larmoiement et une sensibilité à la lumière (photophobie). Dans les cas les plus graves, une perforation de la cornée peut être constatée, associée à une baisse de vision pouvant aller jusqu’à la cécité.
La kératite fongique
Dernier type de kératite infectieuse, la kératite fongique ou kératomycose. Très peu présente en Europe, cette pathologie se développe au contact d’un champignon, majoritairement l’aspergillus fumigatus.
Les personnes ayant subi une greffe de cornée ou sous corticoïdes sont les plus exposées à cette typologie de kératite.
Champignon, parasite, bactérie ou virus, la kératite peut donc trouver son origine dans diverses infections. Mais ce ne sont pas les seules explications possibles.
Les kératites non-infectieuses
Au-delà des kératites infectieuses, qui sont les cas les plus courants, il existe d’autres types de kératites provoquées par un traumatisme oculaire, le syndrome des yeux secs, une autre pathologie ou l’exposition à une substance toxique.
La kératite post-traumatique
La kératite post-traumatique peut s’expliquer de multiples façons : blessure à l'œil, projection, exposition aux rayons UV, chirurgie, brûlure, etc.
Lorsqu’elle n’atteint que la partie externe de la cornée, elle guérit d'elle-même en quelques jours. Ce qui n'empêche pas de se rendre chez un ophtalmologiste pour éviter toute complication.
Parmi les kératites post-traumatiques, on compte :
- La kératite des neiges qui survient après une exposition intense aux UV, principalement lors d’un séjour au ski.
- La kératite neurotrophique qui se caractérise par des lésions au niveau des nerfs sensoriels de la cornée.
- La kératite bulleuse qui tient son nom des cloques qu’elle forme sur la cornée en raison d’une entrée de liquide entre les couches de cette dernière.
La kératite d’exposition ou kératite sèche
La kératite fait partie des complications de la sécheresse oculaire. Appelée kératite d’exposition ou kératite sèche, elle est favorisée par la mauvaise fermeture des paupières inférieures et supérieures.
Cette inocclusion palpébrale (lagophtalmie) peut se révéler suite à une paralysie faciale ou à une pathologie des paupières comme le trichiasis, l’entropion ou l’ectropion.
Si pendant son développement, des filaments d’épithélium cornéen sont observés, ainsi que du mucus, l’inflammation est appelée kératite filamenteuse.
La kératite inflammatoire
La kératite inflammatoire est associée à une autre inflammation sous-jacente, comme la blépharite, la conjonctivite ou certaines maladies auto-immunes, comme le syndrome de Fougère-Sjören (maladie du tissu conjonctif) ou la pemphigoïde oculaire cicatricielle (apparition de tissus cicatriciels sur la conjonctive et la cornée).
Pour ce qui est de la conjonctivite, lorsqu’elle est combinée à une kératite, elle est appelée kératoconjonctivite. Elle peut prendre plusieurs formes :
- La kératoconjonctivite sèche liée à une sècheresse oculaire ;
- La kératoconjonctivite allergique (vernale chez l’enfant, atopique chez l’adulte) en présence d’allergènes ;
- La kératoconjonctivite phlycténulaire qui accompagne une kératite bactérienne ;
- La kératoconjonctivite herpétique occasionnée par le virus Herpes Simplex.
La kératite toxique
La kératite toxique fait son apparition lorsque l'œil et la cornée sont en contact prolongé avec une substance considérée comme toxique.
Ces substances peuvent être des produits d’entretien, à l’image de l’eau de javel, mais aussi certains types de collyres. En effet, les collyres sans conservateurs, tels que les collyres antiglaucomateux sont à même de provoquer une inflammation de la cornée.
Infectieuse ou non, une kératite peut survenir en de multiples occasions. Quelle que soit sa cause, il est recommandé de se rendre rapidement chez son ophtalmologiste dès les premiers symptômes.
La kératite est une pathologie fréquente et connue, mais un traitement adapté est nécessaire pour éviter toute complication comme une baisse de vision permanente ou même, la cécité.